mardi 28 octobre 2014

Développer sur plusieurs plateformes mobiles


Les OS nomades


Si dans le marché de la mobilité les terminaux Android et iOS (iPod, iPhone, iPad) restent les vedettes incontestées, dans le domaine des smartphones, Windows phone de Microsoft n'est pas forcément à écarter, ni Blackberry même si on peut s'interroger sur la pérennité de ce dernier.

On retrouve à peu près les mêmes OS dans les tablettes tactiles et les smartphones, même si Microsoft propose deux OS différents : Windows 8 pour les tablettes et Windows phone pour les smartphones. Pourtant la frontière entre ces deux mondes est de plus en plus floue en particulier depuis l'arrivée des fablets (ou phablets), qui sont des smartphones avec une taille d'écran entre 5 et 7 pouces.

Certains OS sont dérivés d'Android, comme Amazon Fire OS, qui est une adaptation par Amazon pour ses tablettes et son smart phone (http://en.wikipedia.org/wiki/Fire_Phone). Sans aller aussi loin, les constructeurs qui utilisent Android ont aussi des spécificités qui peuvent aller  au delà de la taille et de la résolution de l'écran. Aussi, lorsque l'on envisage le test d'une application, on ne peut pas se contenter de faire les tests uniquement sur la plateforme de développement.

Selon l'OS retenu, la plateforme de développement n'est pas la même et les coûts non plus (licence développeur, matériel). Par exemple:
  • Apple fournit X-Code qui ne fonctionne que sous MacOS. Il faut donc posséder un Mac et s'acquitter d'une licence d'au moins 99$ par an pour pouvoir tester sur iPod, iPhone ou iPad, et publier sur l'App store.
  • Pour Android, Google fournit ADT qui est un environnement basé sur eclipse. Celui-ci n'est pas lié à un OS spécifique (Windows, Linux, ...). La licence est de 25$, pour pouvoir publier les applications sur Google Play.
Chaque plateforme a son ou ses langages de prédilection, par exemple Objective C pour iOS, Java pour Android, Java pour Blackberry, et pour Windows Phone VB.NET, C#,...

Notez qu'Android possède l'avantage de permettre à une même application d'adapter automatiquement son affichage au terminal avec la technologie des fragments. Avec iOS, il faut développer une interface spécifique pour chaque type de terminal ce qui a un coût supplémentaire.

Que choisir ?


Selon le marché ciblé, on peut être amené à choisir un OS particulier. Souvent on développe une application pour un OS, puis on développe l'équivalent pour un autre OS. Néanmoins, il est possible de faire un développement qui s'adaptera en grande partie aux différents OS et aux différents types de terminaux. C'est ce que permet notamment Apache Cordova (http://cordova.apache.org/).

Le principe est que l'on développe l'application cliente comme une application WEB, en utilisant les technologies similaires : HTML5, JavaScript, CSS3, le tout en intégrant vos librairies JavaScript favorites (jQuery, Mojo, ...). Puis on génère l'application pour l'OS cible. Il est même possible de faire du « responsive design » autrement dit d'avoir une application qui s'adapte à l'écran du terminal en termes de surface et de résolution.

Possibilités et limitations


Si utiliser Apache Cordova peut permettre de gagner du temps, il vaut mieux regarder de plus près les restrictions.

Tout d'abord on ne peut accéder à toutes les fonctionnalités de chaque OS. Par exemple la gestion de système de fichiers étant totalement différente sous Android et iOS, il ne sera pas possible de gérer des fichiers dans l'application à moins de faire des développements spécifiques ou d'opter pour un contournement, comme l'utilisation d'une base de donnée (SQLite dans les deux cas) pour stocker les données.

L'accès aux APIs spécifiques de chaque OS, se fait via des plugins. Néanmoins, il n'existe pas forcément un plugin pour chaque API dont on a besoin. Les applications doivent donc être assez simples.

Apache Cordova permet de développer des applications avec une interface de type WEB, donc assez passe-partout non spécifique à l'OS. Si vous voulez respecter l'ergonomie propre à chaque OS, il faudra faire des développements spécifiques.

Enfin les applications conçues avec Cordova seront moins rapides qu'un développement natif, qui lui, sera bien plus optimisé. Donc pas question de faire d'animation trop évoluée, de faire des jeux, ou d'utiliser intensivement les capteurs du terminal. Un accès simple à un CMS, par exemple, est plus adapté.
 

Le test des applications


Le test sur chaque plateforme cible est fortement conseillé car une même application ne se comporte pas totalement de la même façon selon l'OS mobile mais aussi selon la marque du mobile. Par exemple sous Android, les constructeurs peuvent ajoutent ou implémentent des couches qui leurs sont propres. Il peut donc y avoir des bugs et des comportements spécifiques à la version d'Android mais aussi au constructeur.

Si on automatise les tests, ce qui est aussi conseillé, il faut noter que les frameworks de tests proposent en général le support d'Android et d'iOS. Attention toutefois, car certains ne s'exécutent que dans le simulateur de terminal qui s’exécute sur la plateforme de développement... Hors ces tests qui tournent sur un PC ou un Mac même s'ils sont utiles, ne garantissent pas à 100% la bonne exécution et le bon rendu, sur les appareils cibles.

Conclusion


Un framework comme Apache Cordova qui permet de développer « une fois » pour plusieurs plateformes, peut s'avérer être un choix judicieux pour une application avec une interface de type WEB. Il convient de tenir compte du contenu fonctionnel de l'application à développer, des performances requises, et de l'ergonomie souhaitée.

Des développements spécifiques peuvent être nécessaires pour s'adapter correctement à chaque OS cible. Dès lors, si on gagne du temps en faisant des développements communs aux OS, il faudra quand même avoir des sous projets spécifiques à chacun et faire les tests correspondants.

La problématique se pose aussi en termes de compétences. Car Apache Cordova nécessite des compétences WEB et mobile. Hors en cas de développements spécifiques selon la plateforme, il faudra que les développeurs connaissent suffisamment chacun des OS et langages associés.

Une évaluation préalable est donc nécessaire pour déterminer l'intérêt d'un tel type de framework par rapport au projet de développement ainsi qu'à l'entreprise. On pourra ainsi choisir en connaissance de cause soit de faire autant de développements entièrement spécifiques à chaque OS cible, soit d'utiliser un framework comme Apache Cordova.


Quelques liens pour aller plus loin:


http://www.nextinpact.com/news/89231-android-ecrase-marche-smartphones-tire-par-succes-forks.htm

Les parts de marché des OS
http://www.zdnet.fr/actualites/chiffres-cles-les-os-pour-smartphones-39790245.htm

Responsive design / Responsiveness
http://www.wired.com/2013/11/responsive-html5-apps-write-once-run-anywhere-where-is-anywhere/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Site_web_adaptatif

98% des applications Android tournent sur Blackberry:
http://www.blackberry-fr.com/blackberry-10-98-applications-android-compatibles/



lundi 6 octobre 2014

2) Réécrire un logiciel de A à Z ou ne rien faire, où comment sortir du statu quo


Qui va le faire et comment ?

Est-ce le manager qui va décider de tout ? Comment va t-il obtenir les mesures attendues ? Qui est le plus pertinent pour indiquer une amélioration et son ROI ? Comment trouver le temps et l'argent pour mettre en place des améliorations ? Comment s'assurer qu'une amélioration a produit le bénéfice attendu ?

Pour avoir la liste des améliorations et mesures, appliquons un des principes du Lean : impliquons les personnes de l'entreprise qui subissent en premier lieu les conséquences de la non qualité. Ceci peut concerner toute la chaîne de production jusqu'au support et à l'exploitation.

On procédera ainsi par une phase d'initialisation pour dégager des axes d'améliorations avec une évaluation des ROIs. Pour réussir notre démarche, et obtenir une bonne adhésion des personnes, il est important de s'inscrire dans le temps. Une possibilité intéressante est de mettre en place des cercles de qualité.

Dans un second temps, les cercles mettrons en place des améliorations conformément aux objectifs fixés, en procédant pas à pas et en mesurant l'efficacité des mesures prises. Ceci contribuera à sécuriser les investissements, à rassurer le management en donnant de la visibilité, ... et à initier une culture de l'amélioration continue.  

Le cercle de qualité

Un cercle de qualité est un petit groupe de 3 à 10 employés, qui se réunit régulièrement afin de chercher et de trouver les moyens d'améliorer qualitativement et quantitativement la production, ainsi que les conditions de travail. Ces personnes peuvent appartenir à une même équipe, au même service ou simplement avoir des préoccupations professionnelles commune.

Voici quelques caractéristiques du cercle de qualité:
  • Le cercle est constitué sur la base du volontariat!
  • Le cercle a un responsable et animateur comme dans toute réunion. C'est lui qui fixe les objectifs.
  • La réunion est limitée dans le temps et se fait de façon périodique, par exemple, une heure tous les 15 jours.
  • Le cercle travaille sur des problèmes rencontrés par ses membres ou par d'autres acteurs ou équipes.
Les problèmes doivent être circonscrits et concrets. On essaye un nombre très restreint d'améliorations à la fois. Cela permet d'en mesurer les bénéfices isolément avec le minimum de perturbations.
Afin de valider les améliorations, plusieurs méthodes sont possibles, dont:
  • Le PDCA (où roue de Deming) : Chaque fois que l'on décide d'une amélioration (Plan), on la met en place (Do), on mesure si celle-ci apporte le bénéfice attendu (Check) et on valide l'amélioration ou au besoin on décide d'actions correctrices (Adjust / Act).
  • Le PDSA: quasi identique au PDCA à ceci prêt qu'il est adapté aux cas où il est difficile de prévoir les effets de l'amélioration. Ici le « S » correspond au terme Study : on étudie l'impact de l'amélioration sur la chaîne de production.
Il y a donc une réelle autonomie de fonctionnement qui ne doit pas faire oublier de donner de la visibilité sur les actions menées, en particulier si on pratique le PDSA.

Les bénéfices sur le plan humain sont nombreux : meilleure communication, satisfaction de contribuer à l'amélioration et d'en constater les fruits, amélioration des compétences, cohésion des équipes, motivation... Ceci ne peut que rejaillir positivement sur l'efficacité de l'équipe.

La mesure du gain

En même temps que le choix de l'amélioration est fait, on définit les caractéristiques de l'échantillon, c'est à dire l'unité de mesure, la façon dont on va mesurer, et l'endroit où on va mesurer. On peut définir aussi la façon dont on va convertir la mesure en coût si on souhaite en avoir un.

Il est important d'envisager les outils à utiliser pour fiabiliser et faciliter la mesure. Cette tâche peut être rébarbative ou astreignante. Par exemple, mesurer le temps que prends une tâche peut être difficile en soi, parce que d'habitude on ne le fait pas. Les oublis, les mauvaises mesures peuvent être courants. Dans ce cas, il vaut mieux disposer d'un décompte automatique du temps passé voire d'une sauvegarde de ces résultats.

D'autres mesures sont plus complexes: si on supprime des documentations obsolètes, et qu'on centralise les documentations d'un même produit alors qu'elles étaient jusqu'ici dispersées à de nombreux endroits, on devine qu'il va y avoir un bénéfice, mais comment le mesurer ? On peut lister les cas où du temps a été perdu parce que la documentation était obsolète ou qu'elle était difficile à trouver et tenter de l'évaluer. La mesure en tout état de cause risque d'être imprécise car liée à la mémoire des personnes. La récurrence du problème sera un critère important.

Conclusion

Refaire entièrement un produit ou ne rien faire? Souvent le choix ne semble se limiter qu'à cette alternative. Pourtant il est possible de sortir de cette logique par la mise en place d'une véritable stratégie d'amélioration continue qui tient compte du contexte du projet et des objectifs de l'entreprise. Cela suppose que l'on a évalué les enjeux humains, techniques, commerciaux,... et que l'on est prêt à faire un minimum d'investissements en cohérence avec ces enjeux.

Les bénéfices seront d'autant plus grands que l'on considérera non pas une équipe isolée mais l'ensemble de la chaîne de production. Les améliorations toucheront à l'humain, à l'organisation, à la technique et par ricochet d'autres projets. Le tout se fera avec des investissements raisonnables, étalés dans le temps. Le calcul du ROI permet de justifier les améliorations envisagées en vue de  déclencher les investissements. Son usage à posteriori sert à en faire le bilan.

Il est indispensable de disposer d'un outil adéquat afin de conduire cette démarche. L'utilisation des cercles de qualités en est un, excellent. Toutefois cela demande un changement de mentalité, car on passe à un management participatif.

Ainsi en partant des seuls enjeux d'un produit, on peut arriver à sortir du statu quo, et progressivement à s'inscrire dans un cercle vertueux dont les bénéfices dépasseront largement le cadre initial.