mardi 6 mars 2018

Faire ou être agile

On entend régulièrement des personnes expliquer que dans l'entreprise qui les emploie, ils sont agiles. Et puis lorsque l'on creuse, on se rend compte que la réalité est plus nuancée. Certains utilisent quelques pratiques issues de l'agilité, d'autres ont embrassé de façon plus radicale l'approche agile. Il se peut aussi qu'avec le temps, l’engouement pour l'agilité s'estompe, que les vieux réflexes reviennent, et que le discours tenu un an plus tôt sur le niveau d'adoption de l'agilité soit moins vrai aujourd'hui. Enfin l'idée, la compréhension que nous avons et ce que nous mettons réellement en œuvre de l'agilité, il y a parfois un gros delta.

En effet, bien souvent nous faisons de l'agilité mais sommes nous pour autant agiles ? Quelle est la différence ?

En fait c'est un peu la même que la différence entre faire de l'athlétisme et être un athlète. A peu près tout le monde peut faire de l'athlétisme avec des performances très variables. Par contre très peu sont de véritables athlètes.

Nous pouvons utiliser des techniques, des astuces apprises au gré de nos expériences, en garder et en laisser d'autres, mais est-ce que cela suffira à nous rendre très performants?

Devenir un athlète nécessite d'adopter une démarche cohérente et même scientifique. Cela passe par un entraînement physique complet qui ne se limite pas à la pratique du sport concerné, ainsi que par une alimentation adaptée, une hygiène de vie. Par exemple, un sprinter travaillera l'efficacité de sa foulée, mais aussi sa musculature globale, sa respiration, sa concentration. Tout cela a une cohérence, et tend vers un seul et même but. Si on adopte une démarche partielle, le résultat sera limité. Par exemple si les jambes sont trop rapides par rapport aux bras, les bras freinerons la progression. Si la capacité respiratoire est insuffisante, le sprinter ne tiendra pas ses 100 mètres.

On peut tout à fait faire le parallèle avec la mise en oeuvre d'une approche agile. Il est important de comprendre la philosophie de l'approche et de ne pas se limiter à la compréhension de quelques bénéfices comme le fait d'éviter l'effet tunnel.

L'approche agile, Scrum repose sur trois valeurs, l'inspection, la transparence et l'adaptation. Ces trois valeurs irriguent l'approche.

Par exemple le Daily Scrum qui est une réunion quotidienne de synchronisation de l'équipe, n'a lieu dans certaines équipes qu'une à deux fois par semaine. On perd là le bénéfice de la fréquence, qui permet de favoriser la collaboration, débloquer les situations au plus vite et de donner de la visibilité sur l'avancée. L'inspection qui est l'acte de vérifier la façon dont le processus se déroule est ici insuffisamment utilisée, et la conséquence est que l'on perd en transparence et en adaptabilité.

Il arrive aussi que certaines équipes fassent l'impasse sur la réunion de rétrospective, qui, pour faire simple, correspond au cercle de qualité dans l'industrie. Hors cette réunion, qui est une réunion d'inspection, est un élément clé pour la mise en place de l'amélioration continue au sein de l'équipe.

En général les pratiques de l'approche agile retenue ne se mettent pas forcément en place du jour au lendemain. Une équipe a besoin de faire sa propre expérience, de rencontrer des obstacles afin de mettre en place de façon durable et efficace de bonnes pratiques. Ceci n'empêche pas de se faire aider par un coach pour avancer plus vite, au contraire. Mais ce dernier devra veiller à convaincre et à encourager à expérimenter, plutôt qu'à imposer, sans quoi l'équipe reviendra à ses anciennes pratiques sans avoir compris le bénéfice de l'approche agile.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire